Gaz de schiste (2) : Royal contre Macron ?

 

Crise entre deux stars du gouvernement Valls ! Mme Royal condamne les gaz de schiste et leur environnement spéculatif... Elle ne co-signera donc pas l'arrêté Macron en faveur de Tethys Oil  :

 

L'affaire se corse. Ce dimanche matin, Ségolène Royal lance à Jean-Pierre Elkabbach (Europe 1) : « Tant que je serai ministre de l'Ecologie, il n'y aura pas de gaz de schiste et pas d'investigation sur le gaz de schiste ! » En apparence, la ministre vise son vieil ennemi Sarkozy, qui vient (reniant ainsi son engagement anti-schiste de 2011) d'afficher son ralliement aux pétro-gaziers. En réalité, Mme Royal veut dire qu'elle ne signera pas l'arrêté en vertu duquel Tethys Oil serait autorisé à faire des investigations sur « tous les hydrocarbures liquides ou gazeux et substances connexes » – ce qui inclut nécessairement le gaz de schiste, voir à ce sujet notre note précédente.

Or cet arrêté doit être signé aussi par le ministre de l'Economie Emmanuel Macron (libéral technoïde notoire), qui semble être le moteur de cette opération !

Le coup d'éclat de Mme Royal sonne comme une réplique à l'article du Monde du 27/09 qui la met en cause à propos de Tethys, et comme un défi à Macron ; peut-être même à Manuel Valls. C'est ce que pourrait indiquer sa clause de style : « tant que je serai ministre de l'Ecologie... »  Si le duel Royal-Macron va jusqu'à un arbitrage de l'Elysée, ce sera une première défaite pour Valls. Si François Hollande arbitre (comme c'est probable) en faveur de Mme Royal, ce sera une deuxième défaite pour Valls. Et M. Macron devra s'expliquer avec M. Magnus Nordin, qui n'est pas le Nordin romancier pour enfants auteur de La princesse et l'assassin, mais le peu riant directeur général de Tethys Oil : photo ci-contre.

Notons aussi que dans sa déclaration de ce matin, Mme Royal a proféré des choses pénibles aux oreilles de libéraux comme MM. Valls et Macron : « C'est une bulle spéculative, le gaz de schiste... Il n'est pas question à un moment où on a des ressources publiques rares d'investir dans des filières aléatoires et spéculatives... Les experts américains en reviennent, du gaz de schiste. Il y a beaucoup de dégâts environnementaux, ensuite le coût s'est révélé beaucoup plus important que prévu... On commence à voir aux Etats-Unis des friches industrielles scandaleuses, avec des riverains effarés, des poches de pauvreté et des poches de chômage sur les sites d'exploitation abandonnés... »

Sarkozy non plus n'a pas dû apprécier. Mais ce n'est qu'un dégât collatéral.